La littérature ne manque pas de nous rappeler combien la précarité, par la souffrance et l’isolement qu’elle engendre, rend parfois difficile toute démarche d’insertion pour les personnes qui y sont confrontées. En 1997, Norbert Elias écrivait :
L’exclusion produit de l’anomie, de l’incapacité des individus à se constituer en acteur ; elle fabrique aussi de l’aliénation, de l’intériorisation du stigmate, l’incapacité de réagir …
C’est ce même constat qu’avaient fait des élus municipaux et des travailleurs sociaux réunis au sein de la Commission Locale d’Insertion (CLI) n° 1 en 1989 à l’occasion de la mise en place de la loi du 1er décembre 1988 relative au revenu minimum d’insertion (RMI). Cette loi a remis en lumière cette population, dont le droit à l’insertion se heurte à des problématiques de santé et des souffrances psychologiques importantes. Elle donnait notamment des moyens pour favoriser l’accès à ce droit.
C’est dans ce contexte que l’association INSER SANTE a été créée le 1er octobre 1990.
Son Conseil d’administration était alors constitué d’élus et de responsables d’organismes publics ou privés œuvrant dans le champ de l’insertion ou de l’action sociale.
Son but est de favoriser la prévention des maladies et la promotion de la santé, notamment auprès des populations défavorisées, et/ou en difficulté d’insertion sur les cantons de :
Caudebec en Caux, Doudeville, Duclair, Pavilly, Yerville, Yvetot,
En mettant en place tout moyen approprié pour remplir ce but.
Les moyens rendus disponibles au titre de l’insertion ont permis de mettre en œuvre un projet de longue date qui n’arrivait pas à trouver son aboutissement : apporter une aide aux personnes en difficulté avec l’alcool.
Forte de cette détermination et de l’opportunité de la rencontre avec le projet de celui qui en sera le premier salarié, l’association a commencé ses activités le 1er octobre 1990.
Très rapidement et avec une forte implication des animateurs de circonscription qui pouvaient prendre à l’époque une part active dans les instances associatives, les sollicitations des travailleurs sociaux se sont amplifiées. Les besoins ainsi révélés se sont montrés prégnants et l’association a été sollicitée pour élargir son activité à la CLI n° 2 correspondant à la vallée du Cailly.
Pour répondre à cette demande les statuts ont été modifiés, suite à une assemblée générale extraordinaire du 30 mars 1993. Le territoire d’intervention a été étendu à la totalité de la Seine Maritime.
La même année, à la demande du Conseil général, une nouvelle extension se réalise vers les CLI n° 3 (ROUEN rive droite), n° 8 A (DIEPPE ville), n° 8 B (cantons autour de DIEPPE et n° 9 (Pays de Bray).
L’année suivante, en 1994, constatant que les travailleurs sociaux sont souvent confrontés aux difficultés psychologiques de certains usagers et qu’ils se trouvent démunis pour aider ces personnes et faute de la compétence nécessaire pour leur accompagnement, une action dénommée relai d’aide psychologique est mise en place pour les bénéficiaires du RMI de la CLI n° 1. Cette nouvelle action s’est également développée par la suite sur une partie des territoires dans lesquels l’association intervenait déjà au titre de l’aide aux personnes en difficulté avec l’alcool.
Les modalités de mise en œuvre des accompagnements, tant dans le domaine des personnes en difficulté avec l’alcool que de l’aide et du soutien psychologique ont rapidement montré leur pertinence.
Les résultats en matière d’insertion se sont montrés assez rapidement positifs et ont de ce fait recueillis l’approbation des services du Conseil général. Ainsi se sont tissés des liens de confiance entre les salariés et les responsables de l’association et ceux des services chargés de l’insertion, véritables maîtres d’œuvre de la mise en œuvre de cette politique en Seine Maritime. Un partenariat fort s’est développé.
Compte tenu de ce développement l’association a pu bénéficier d’un agrément départemental et non plus CLI par CLI, ce qui en a facilité la gestion.
Plus récemment, non plus sollicité par les CLI mais par les UTAS, INSER SANTE a étendu ses activités à l’arrondissement du Havre.
En 2007, répondant à un cahier des charges du Conseil général, nous avons été retenus pour mettre en œuvre une action d’accès à l’autonomie par les soins sur le territoire de Pays de Bray. Bien que cette action ait montré tout son intérêt, voire même sa nécessité, elle n’a pas été renouvelée par le Conseil général, ce qui a nécessité, après seulement deux années de fonctionnement, de licencier les deux salariés recrutés pour remplir cette mission.
Enfin, en 2009, le Conseil général a décidé une révision importante de sa politique d’insertion avec notamment comme objectif de réduire le nombre d’opérateurs. A cette occasion il a diffusé de nouveaux appels d’offres qui ont abouti à deux nouvelles conventions valable deux années. Ainsi, l’association est désormais l’acteur quasi exclusif, avec l’OHN, en matière d’accompagnement des personnes en difficulté avec l’alcool et le principal acteur en matière de relai d’aide et d’écoute psychologique.
Si la vocation initiale de l’association INSER SANTE s’inscrivait dans la mouvance de la mise en place du RMI, rapidement ses salariés ont été sollicités pour accompagner des personnes non bénéficiaires de ce minima social.
Compte tenu des situations de détresse qui étaient présentées et de nos savoir-faire, nous avons tout naturellement accepté d’étendre nos interventions. Il nous est, en effet, apparu impensable d’opérer une discrimination suivant que la personne remplissait ou non les critères pour ouvrir les droits au RMI. C’est donc tout naturellement que l’association s’est tournée vers les services de l’Etat (DDASS et DRASS) pour assurer le financement de cette partie de l’activité non couverte par ceux du Conseil général.
Ainsi s’est constitué un partenariat souvent très positif et fructueux avec ces services, même si différents transferts de responsabilité ont rendu la lisibilité du dispositif un peu compliqué pendant quelques années. La loi dite HPST (Hôpital, Patient, Santé, Territoire) de juillet 2009 a clarifié cette situation en transférant les compétences dans les domaines d’intervention de l’association à l’Agence Régionale de Santé (ARS).
D’autres partenariats se sont développés au fil des années avec notamment le service départemental de la Mission Interministérielle de Lutte contre les Drogues et les Toxicomanies (MILDT), les Comités Urbains de Cohésion Sociale (CUCS), le tribunal de DIEPPE, …
Les premiers professionnels étaient issus de mouvements néphalistes, dans un esprit militant, mais l’association a rapidement perçu la nécessité de diversifier les modalités d’intervention par le recrutement de salariés ayant plus le profil de travailleurs sociaux permettant ainsi de créer une véritable équipe pluridisciplinaire. C’est la diversité des horizons professionnels qui constitue la richesse d’INSER SANTE et lui confère sa spécificité.
L’expertise de l’association INSER SANTE auprès de personnes en situation de précarité et en souffrance étant largement reconnue, elle est régulièrement sollicitée pour intervenir dans le champ de la prévention (forum, interventions auprès des jeunes, des adultes…).
Des réductions importantes de subventions, tout d’abord en provenance des services de l’Etat pour le RAEP, puis du Conseil général pour le RAEP et l’APDA ont contraint l’association à procéder, au début de l’année 2012, au licenciement de six salariés.
Consciente de cette dépendance vis-à-vis de ses sources de financement, l’association a décidé de les diversifier en s’engageant dans l’élaboration d’une offre de formation s’appuyant sur son expertise dans le domaine de l’accompagnement des personnes en difficulté avec l’alcool.
L’association INSER SANTE est dotée d’un projet associatif.